C’est à l’époque des débuts du conflit en Syrie et de ces marées humaines de rescapés qui prennent la route de la route de l’exil que s’ébauche la création d’Utopia 56. Les images du petit Aylan bercé par les vagues sur la plage font le tour du monde et choquent. Yann Manzi, comme tant d’autres, est ahuri devant sa télévision. “Pourquoi tu ne fais rien papa ?”, lui demande Liam, son fils de 5 ans et demi. “Ça a fait l’effet d’une bombe nucléaire dans ma tête et dans celle de ma femme”, se rappelle Yann Manzi. Ils décident tous deux de se rendre à Calais le week-end qui suit. C’est l’évènement qui déclenchera la création d’Utopia 56.
Yann est régisseur de campings dans les plus grands festivals de musique européens. L’idée est donc d’apporter ses compétences d’organisation d’évènements, de montage d’équipe et de gestion de bénévoles. Il identifie vite ce qui manque sur place : le ramassage des ordures. “On est devenu les éboueurs de la jungle de Calais”, explique-t-il. “On nettoyait tous les jours des parcelles avec les exilés et d’autres associations. Au démarrage, c’était la seule et unique mission d’Utopia”.
Aujourd’hui, l’association compte 8 antennes, dont une à Paris, organise des maraudes sur le littoral notamment, avec un accent particulier mis en direction des mineurs non-accompagnés, et un lieu disposant de 150 places dans la capitale pour accueillir femmes et enfants, « pour rendre visible ces invisibles”.
“Il est important d’agir”, plaide-t-il. “On est une petite armée de bénévoles, qui va rejoindre la cohorte des défenseurs des droits fondamentaux du monde entier, et se battre pour que le vivre ensemble ne disparaisse pas, pour une société un peu plus juste”.