On estime qu’entre 30 et 50% des parents ressentent des difficultés avant et après avoir accueilli un enfant, selon la Commission des 1 000 premiers jours rendue en septembre 2020 (NDLR : Commission constituée de 18 spécialistes de la petite enfance et présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui permet d’envisager une approche globale de la santé de la mère et de l’enfant pour promouvoir des environnements favorables au développement harmonieux du fœtus et du nouveau-né, de la conception jusqu’aux 2 ans de l’enfant. Le rapport a été remis au ministère de la Santé).
« De nombreux parents se sentent en difficulté, en souffrance psychique, mais ne vont pas en parler par peur du jugement, par peur d’être considéré comme de mauvais parents, par culpabilité, par honte”, explique Elise Marcende. « Parce qu’avoir un enfant, c’est forcément épanouissant, c’est le comble du bonheur. Les phrases comme celles-ci, les idées préconçues sont encore extrêmement présentes dans la société et laissent peu de place à ce qui peut se vivre par ailleurs. La maternité, ce n’est pas que du bonheur, c’est tout un tas d’états qui vont être traversés, vécus par les personnes qui vont accueillir des enfants. Et ça peut être extrêmement beau, extrêmement agréable à vivre. Mais ça peut être aussi extrêmement fatigant et stressant”.
Face aux difficultés maternelles, de l’ordre de la dépression ante et/ou postnatale, les troubles anxieux, les difficultés d’attachement avec le bébé ou avec l’enfant, Maman blues s’est créée pour accueillir ces femmes et parfois ces hommes, pour rompre l’isolement et ouvrir le dialogue, via un forum ou encore des groupes de discussion, à l’aide de référentes partout en France qui ont toutes elles-mêmes vécu des difficultés maternelles.
Une libération de la parole qui fait son chemin. “Contrairement au début de notre existence en tant qu’association il y a vingt ans, on est aujourd’hui énormément sollicités pour coconstruire des outils de sensibilisation, de prévention avec les professionnels de santé et les instances publiques”, raconte Elise Marcende. “Et puis, on avance aussi grâce aux femmes qui prennent la parole sur les réseaux sociaux, où elles se livrent sans tabou, disent ce qu’elles traversent, documentent leurs souffrances psychiques périnatales. C’est vraiment à travers la parole des personnes concernées que les choses évoluent”.