Le numérique, ça commence avec l’écran de notre télévision, et ça va jusqu’aux montres connectées, en passant par nos smartphones, mais avec la dématérialisation des démarches administratives qui prend de plus en plus d’ampleur, les citoyens se doivent désormais de savoir utiliser les outils, de bien savoir les utiliser même.
“Et nous, on a des gens qui n’ont jamais touché un ordinateur de leur vie”, explique Catherine Charlot, “parce qu’ils sont âgés, parce qu’ils arrivent juste en France et n’avaient pas cet accès dans leur pays, ou parce que ce sont des gens qui ont des difficultés cognitives”.
Des personnes qui ont tout à apprendre, c’est pourquoi l’association Marie et Alphonse a souhaité emmener une approche ludique pour faire entrer plus facilement et confortablement ces publics dans le numérique. Avec par exemple un fablab, un endroit où l’on bricole, où machines à commande numérique et machines traditionnelles cohabitent. On vient créer, tester, expérimenter, en se faisant plaisir ensemble.
Un dispositif est spécialement dédié aux femmes, pour qu’elles puissent apprendre en toute confiance, en osant dire qu’elles ne savent pas. “On convoque des leviers de création”, explique Catherine Charlot. “On va mélanger la linogravure et le numérique, la sérigraphie et le numérique, la couture et le numérique. On a une brodeuse numérique, une découpeuse vinyle, on peut floquer des tissus. On travaille aussi la création, la sculpture, avec la question du réemploi. On récupère du textile dédié à être jeté”.
Un autre aspect d’éducation aux médias est également abordé, en particulier avec les jeunes, autour de la fabrique de l’image, en collaboration avec un journaliste. Dans les ateliers, ils sont invités à créer des reportages ou des films avec leurs smartphones et des logiciels de montage libres pour leur permettre, sans avoir de moyens financiers, de tourner et monter. “Ça leur permet, en fabriquant, de mieux comprendre le monde numérique”.
Des ateliers qui apportent de nombreux bénéfices. Pour les femmes, outre la confiance retrouvée, ce sont des compétences supplémentaires acquises dans le cadre de leur parcours de réinsertion professionnelle ; et pour les jeunes, qui sont souvent décrocheurs, une curiosité et une envie ravivées, du collectif et de la collaboration créées, et parfois un tremplin vers une projet professionnel.
« On aurait travaillé dans la couture, je pense que le projet aurait presque pu être similaire”, s’amuse Catherine Charlot. “Ce qu’on aime nous, c’est vraiment créer du lien avec ces publics, permettre aussi des croisements, avec des créateurs, en collaboration avec d’autres associations. Donc on fédère beaucoup, et ça c’est très chouette”.