Stéphane La Branche

Sociologue et coordinateur scientifique

, GIECO, Groupement international d’experts sur les changements de comportement

Pourquoi réfléchir aux leviers qui peuvent nous pousser à changer nos comportements ?

Stéphane La Branche est sociologue de la Transition, qui traite des questions de climat, de qualité de l’air, de biodiversité, et coordinateur scientifique du GIECO, le Groupement international d’experts sur les changements de comportement.

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Tout le monde connait le GIEC, un groupe des scientifiques qui travaillent sur le changement climatique et qui, tous les 5 ans environ, rédigent un rapport sur ce que dit la science, les sciences naturelles, sur le climat.

Nous, on a toujours trouvé que l’aspect humain manquait dans ces rapports, mais aussi dans la recherche en général”, explique Stéphane La Branche. “L’idée a donc été de créer un groupement d’experts scientifiques international, le GIECO, afin de se pencher sur les mécanismes qui font qu’on a envie de changer ou non, et que lorsqu’on en a envie, on ne change pas pour autant”.

Un questionnement à la fois individuel et collectif, “même si un individu, ça n’existe pas tout seul dans le désert ou dans une caverne. Alors quels sont aussi les moteurs de changement et de non-changement structurels collectifs, le milieu urbain, rural, le pays dans lequel on vit, et comment tout ça joue ensemble, en interaction ?

Parmi les enseignements de cette étude, il apparaît que les données scientifiques et les cognitions ne sont pas des facteurs importants de changement ou de non-changement. Les émotions sont plus puissantes, avec le rôle ambigu de la peur, qui soit nous paralyse soit nous permet de passer à l’action, selon les circonstances.

Alors comment inciter au changement ? Une communication basée sur la peur et les catastrophes ne fonctionne pas. L’idée est de susciter l’intérêt. “On a toujours mis l’emphase sur la crise écologique, mais quand je suis obligé d’aller chercher mes enfants à l’école, quand on sait que l’arrivée d’un 2e enfant fait basculer vers l’utilisation de la voiture, c’est mon quotidien qui l’emporte », explique Stéphane La Branche. « Vous pouvez avoir 150 000 très bonnes raisons de devenir végétarien, mais que si vous n’offrez pas une bonne bouffe végétarienne dans votre cantine, personne ne va passer le cap. Malgré toutes vos convictions, vos valeurs, l’expérience vécue, le quotidien semble avoir une très importante place et plus puissante que les grands idéaux ou les grands projets de société, parce qu’on est dans nos quotidiens à nous. Et donc, il faut tenter d’agir là-dessus”.

Deuxième enseignement, le changement fait peur. Et l’un des meilleurs moyens de réduire cette pression psychologique, émotionnelle, du changement, c’est de faire de l’accompagnement au changement opérationnel. “On offre des solutions, même si elles ne sont pas complètement bonnes. Mais le fait d’offrir des solutions réduit la peur du changement et amène les gens à vouloir changer”.

L’intérêt du travail du GIECO, c’est une approche interdisciplinaire et transdisciplinaire. “Ça c’est chouette parce que c’est la meilleure manière de comprendre les différents facteurs qui nous amènent à bouger ou pas. Il n’y a pas une seule motivation qui nous amène à faire quelque chose, c’est toujours un faisceau, mais parmi celles-ci, il y en a qui sont plus importantes que d’autres, à certains moments de la vie”.

Le premier rapport du GIECO sera rendu à l’été 2025.

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