Gynécologie sans frontières a été créée en 1995 par 4 gynécologues obstétriciens qui, à l’époque, trouvaient qu’il n’y avait pas de prise en charge spécifique des femmes par les ONG humanitaires dites généralistes; ce qui a changé depuis. L’association a donc commencé à se greffer sur des organisations comme l’Ordre de Malte, Aide médicale internationale, Médecins du monde, avant de monter ses propres missions, dans le domaine du développement et de la formation.
“On va accompagner, former des professionnels de santé locaux pour la prise en charge des femmes enceintes”, explique Richard Matis, “afin d’éviter la mortalité maternelle, donc la mortalité avant, pendant et après la grossesse, un fléau qui touche 500 000 femmes chaque année”. Gynécologie sans frontières intervient ainsi à la demande de structures, essentiellement en Afrique subsaharienne.
Parallèlement, l’association a développé en France dès 2006 une mission dédiée à la prise en charge des victimes de violences, au départ d’excision, toujours visant à sensibiliser les professionnels de santé pour une meilleure prise en charge de ces femmes qu’ils étaient emmenés à rencontrer en consultation ; puis victimes de toutes violences, notamment conjugales, sexuelles et intrafamiliales.
“Quand on a commencé, les professionnels de santé étaient vraiment le dernier maillon de la chaine de formation, parce qu’ils ne sont tout simplement pas préparés pour prendre en charge ce type de problématiques, qui n’est pas de la médecine au sens strict”, explique Richard Matis. “Donc, notre objectif a été de vraiment sensibiliser ces professionnels au rôle qu’ils avaient à jouer pour libérer la parole, pour dépister ces situations de violence à l’occasion d’une maternité”.
Le psycho trauma peut générer des modifications épigénétiques, qui engendrent des baisses de l’immunité, qui font que ces femmes victimes contractent plus facilement des pathologies chroniques, qui n’ont apparemment rien à voir, comme le diabète, l’insuffisance cardiaque, le cancer, l’endométriose.
“C’est pourquoi traiter l’impact de ces violences par des psychothérapies adaptées s’avère bluffant”, explique Richard Matis. “Des pathologies chroniques comme le diabète qui, a priori, ne se guérissent pas, disparaissent avec la prise en charge adéquate. C’est là où ces professionnels de santé peuvent avoir un véritable intérêt préventif”.
Une plate-forme, Violence santé femme, dédiée aux professionnels de santé, a été mise en place pour qu’ils puissent trouver tous les outils, savoir quoi dire, quoi faire quand ils sont face à une victime, mais aussi ce qu’il ne faut pas faire, ne pas dire, sans oublier les clés pour évaluer le risque de violence et orienter vers les structures adéquates, les psychothérapeutes spécialistes du psycho-trauma, les associations, les maisons des femmes.
“Il y a environ 1 million 300 000 professionnels de santé en France« , compte Richard Matis, “donc si on arrive à former cette énorme masse de professionnels, ça permettra peut-être de faire avancer les choses, au moins d’en parler et de prévenir”.