La Ferme du quartier, ce sont deux activités. Tout d’abord celle de facilitateur local. “On va intervenir sur des questions de transition écologique et énergétique en soutien des associations, des élus, des gestionnaires d’écosystèmes ou même des maraîchers, et on apporte une expertise qui vise à mettre en lumière les enjeux et les leviers d’action que l’on peut avoir au niveau local, de façon à éclairer, à faciliter la mise en œuvre de ces actions”.
Par exemple ce projet d’hydrologie dans un village de l’Oise, où une source coule en lisière de forêt, laquelle a été utilisée pendant des générations par les villageois pour subvenir à leurs besoins. Aujourd’hui, cette source rejoint les eaux usées et toute cette eau potable se retrouve traitée en station d’épuration.
Le projet était de rendre cette source à la forêt grâce à des méthodes d’hydrologie régénérative. Cela permet à la fois à la source de remplir la nappe phréatique, mais aussi de donner de l’eau aux arbres environnants menacés par le changement climatique, de favoriser la biodiversité et d’amortir les inondations et les sécheresses par effet d’éponge.
Un autre volet d’activité est celui de la recherche et développement sur les axes de la gestion des déchets organiques, du cycle de l’eau et de l’amélioration du modèle économique du maraîchage de petites surfaces. Ce travail permet de recycler des déchets alimentaires et de l’urine, et de produire des légumes. Et tout cela au sein d’un système en autonomie d’eau et d’énergie, donc avec des coûts de production minimes.
“La question fondamentale, c’est comment réagir au changement climatique et à la crise de gestion des ressources ?”, questionne Gabriel Bedoy. “En fait, cela veut dire faire deux choses à la fois et c’est pour ça que c’est dur et complexe. C’est adapter nos modes de vie à l’évolution du climat et mettre en place en même temps des méthodes de gestion durable du fonctionnement de la société”.
“Ce qu’on a fabriqué, c’est un moteur de fertilité grâce à ces deux sources de déchets et on le met au service d’un maraîchage de proximité, qui est très économe en eau parce qu’il est en circuit fermé”. Exemple concret sur le point d’émerger, un démonstrateur territorial avec un restaurateur équipé de toilettes destinées à collecter l’urine et les déchets alimentaires, lesquels permettront de faire pousser des légumes qui viendront alimenter le restaurant.
« Pour nous, c’est un résultat très positif dans le sens où c’est un restaurant qui est plutôt un gastronomique. Et c’est un détail qui a son importance puisque dès qu’on parle de recyclage d’urine, il peut y avoir des réticences », explique Gabriel Bedoy. « Et donc, le fait qu’un restaurant s’engage avec nous et se lance dans cette aventure est un signal fort d’acceptation d’un nouveau sujet qui, jusqu’à maintenant, était peu considéré”.
“Donc aujourd’hui, on dispose d’un système qui permet de recycler les matières jusque-là peu ou mal valorisées en autonomie d’eau et qui vient renforcer la résilience alimentaire locale. C’est une invitation à créer un écosystème d’actions qui viennent se connecter à ce genre de propositions locales”.