Créée au tout début de l’année 2022, la scierie La Scie d’Ici rassemble pour la plupart des anciens ouvriers d’une plateforme de bois locale, dont les méthodes pouvaient être améliorées selon eux. Alors, lorsqu’une usine de fabrication de palettes et de caisses d’emballage est mise en vente à Egliseneuve-des-Liards, ils reprennent les locaux pour créer l’entreprise dont ils ont rêvé, où ils seraient bien plus que de simples employés. Ils choisissent de créer une Scop, société coopérative de production, où chacun aurait voix au chapitre.
“Dans la Scop, on partage les responsabilités, les tâches, c’est beaucoup plus horizontal”, explique Astrid Ursem. “Il n’y a pas vraiment un boss qui nous dit ce qu’on doit faire. C’est notre entreprise à nous tous. On n’est pas juste salariés, on est plus”.
Au-delà de la démarche sociale, c’est aussi un engagement environnemental qui est pris au moment de la création de La Scie d’Ici, avec 80% du bois utilisé originaire de 5 km alentour. La scierie essaie d’éviter les coupes rases, bien que ça ne soit pas toujours possible, notamment avec le Douglas. Alors, on encourage les clients à acheter du sapin, le plus abondant dans le secteur. Le séchoir est chauffé avec des déchets bois, par ailleurs disponibles à la vente, donc la scierie n’a finalement aucun déchet. Un engagement “pour la forêt, pour la planète, pour nous”.
« Je ne voudrais jamais travailler dans une autre entreprise”, insiste Astrid Ursem. “Pour moi, c’est un plaisir de venir travailler ici. Dans la plupart des entreprises, c’est compliqué de prendre une heure parce que son enfant est malade. Ici, il n’y a jamais de problème. On sait que si quelqu’un prend une après-midi, il va rattraper un autre jour. On est aussi presque tous en mi-temps« . Une organisation du travail et une adaptabilité qui détendent.
Une motivation et un engagement qui permettent aussi aux salariés de faire de l’éducation populaire, de prêcher la bonne parole, expliquer aux clients ce qui se cache derrière leurs achats, parler du cycle de la forêt, de la nécessité d’éviter les coupes rases. La scierie distribue par exemple un livret informatif en partenariat avec le Parc naturel régional.
“Ça augmente la sensibilité des gens autour de la question de la gestion des forêts”, explique Astrid Ursem. “On travaille aussi avec quelques gestionnaires qui envisagent la forêt différemment et avec plusieurs associations qui militent pour une gestion de forêt durable. On organise des portes ouvertes et des journées découvertes pour aller voir directement sur le terrain là où on fait des coupes raisonnées pour sensibiliser nos clients, le public. On donne la possibilité aux gens d’acheter leur bois différemment. Il n’y a presque pas de scieries comme nous. Je pense qu’on est seulement trois en France. Mais au moins, on est là”.