Phénix a été créée par Jean Moreau et Baptiste Corval sur un constat affolant, celui d’un gaspillage alimentaire astronomique. C’est un tiers de la production alimentaire mondiale qui finit gâché, et ce sur l’ensemble de la chaîne, des producteurs jusqu’aux consommateurs, ce qu’on appelle de la fourche à la fourchette.
En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gaspillées chaque année, alors que quelques 8 millions de français sont en situation de précarité alimentaire, dont plus de 5 millions sont inscrits à des programmes d’aide alimentaire.
“Par ailleurs, le gaspillage alimentaire, s’il était un pays, serait le 3e producteur mondial en émissions de CO²”, explique Simon Baldeyrou. “Ce sont 3% des émissions de CO² en France. Donc il y a un énorme sujet à la fois environnemental et social, et c’est à ça qu’on essaie de s’attaquer depuis 11 ans”.
La principale activité de Phenix est en lien avec la grande distribution, c’est-à-dire que l’entreprise accompagne plusieurs milliers de magasins en France, mais désormais aussi en Espagne et au Portugal. “Le métier de la grande distribution a toujours été de commander au mieux, d’éviter les ruptures. Mais il y a toujours du gâchis, puisque la priorité est de faire en sorte que les consommateurs se retrouvent avec des linéaires qui ne manquent pas de produits”.
Donc l’anti-gaspillage réside dans le fait de commander au plus juste. Mais ensuite, c’est toute une réflexion dans les jours qui précèdent la date d’expiration des produits. Alors Phenix a créé une application qui permet de commander des paniers “surprise” avec les produits qui arrivent à date d’expiration, à tarif très attractifs.
L’entreprise accompagne également vers le don aux associations, via un réseau de 3 000 structures dans toute la France. Enfin, lorsque les produits ne sont plus propres à la consommation humaine, il y a encore la solution du don aux parcs zoologiques ou autres.
Des solutions qui bénéficient aussi aux magasins, puisqu’ils effectuent une économie de coûts dès lors qu’ils n’ont plus à s’occuper de la collecte ni de la destruction de leurs déchets.
Ensuite, il y a un sujet important en termes d’engagement des collaborateurs. “Toute personne qui a travaillé dans la grande distribution est très mal à l’aise lorsque des produits finissent à la poubelle, donc je pense que c’est important en termes d’engagement sociétal », explique Simon Baldeyrou. « Pour le directeur du magasin, c’est important aussi vis-à-vis des clients. De plus en plus, les clients sont sensibles aux bonnes pratiques des entreprises avec lesquelles elles consomment”. Enfin, une réduction fiscale est prévue pour le don de nourriture.
Un magasin qui travaille de façon autonome réussit en général à revaloriser 20 à 50% de ses invendus. Phénix essaie de les emmener à 80, 90%.
“On parle de 190 millions de litres d’eau économisés l’an dernier, 190 000 tonnes de CO² évitées, 75 millions de repas sauvés”, précise Simon Baldeyrou. “Donc ça c’est très concret. On voit effectivement ce qu’on peut apporter à la société”.
“Et puis il y a tout un aspect immatériel, quand on reçoit tous les jours des commentaires de nos associations caritatives pour nous remercier des produits qu’elles ont pu recevoir, de la qualité de ces produits aussi. On a aussi beaucoup de commentaires de gens qui peuvent se nourrir à des conditions très favorables”.