L’association Elle’s imagine’nt a été créée il y a 15 ans par Sonia Pino, psychologue clinicienne, et Julie Vella. Elle s’est donnée pour but d’accueillir, d’écouter, de conseiller et d’orienter les femmes victimes de violences conjugales.
« Le fondement, la colonne vertébrale d’Elle’s imagine’nt, c’est l’accompagnement psychologique de ces dames, écouter leur parole, recueillir leur histoire et les aider à se reconstruire ensuite”, explique Estelle Aras. “C’est souvent travailler sur ces sentiments de honte, de culpabilité qu’elles éprouvent”.
Un travail qui se fait, par exemple, pendant les groupes de parole organisés deux fois par semaine par l’association, sans oublier ceux consacrés aux co-victimes une fois par mois.
« C’est un espace complètement sécurisé, où elles peuvent s’exprimer, écouter la parole de l’autre et voir qu’en fait, leur histoire, malgré ses particularités, n’est pas si différente en termes de schémas, de mécanismes, de violence subies. Donc, ça leur permet de constater qu’elles ne sont pas seules, ni seules à subir ce genre de violences”.
Et c’est déjà le début de la reconstruction. “Ça change beaucoup de choses parce qu’elles sont capables d’analyser, de mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu, de se reconstruire tout simplement pour prendre un nouveau départ. Sur les 15 ans que nous avons passés, nous avons de très belles reconstructions, des femmes qui reprennent complètement leur vie en main. Bien sûr, il y a toujours ce passé, mais en tout cas elles font avec, elles vivent avec, et ça c’est déjà une très belle réussite”.
Elle’s imagine’nt mènent aussi un travail de formation, à destination des professionnels, magistrats, avocats, services sociaux, services RH des entreprises, sans oublier la sensibilisation au sein de collèges et lycées, plus particulièrement sur l’aspect prévention des violences, en étudiant les stéréotypes de genre.
A travers l’ensemble de ses actions, l’association entend faire bouger les lignes sur le regard que la société porte sur les femmes victimes de violences conjugales et plus globalement sur la place de la femme dans la société française. “Pour que les femmes puissent imaginer tout simplement une vie sans crainte, sans peur pour la suite et de façon beaucoup plus générale, elles peuvent tout imaginer, elles imaginent toutes une société beaucoup plus inclusive, beaucoup plus égale, plus respectueuse de leurs droits et de leurs choix aussi. Donc il y a beaucoup de choses à imaginer, mais justement, nous, par nos petites actions, on essaie de réaliser ces rêves. Ça ne devrait même pas être des rêves, en fait, de vivre juste normalement. Mais pour certaines femmes, c’est déjà énorme”.