Benjamin Duriez

Directeur

, Fédération Terre de liens

Pourquoi donner les moyens de produire une alimentation saine et vertueuse ? 

Benjamin Duriez est le directeur de la Fédération Terre de liens, un mouvement citoyen créé en 2003, qui facilite l’installation de paysans et paysannes en agriculture biologique dans toute la France, en mobilisant de l’épargne citoyenne.

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Terre de Liens permet, grâce à l’épargne citoyenne, d’acheter notamment des fermes qui vont ensuite être louées à celles et ceux qui veulent devenir agriculteurs et agricultrices, à la condition qu’ils produisent en agriculture biologique. 

Terre de liens ce sont 1 700 bénévoles et 200 salariés partout en France qui vont sur le terrain, à l’écoute des agriculteurs et agricultrices qui veulent partir en retraite ou de ceux qui ont hérité de la terre et veulent la céder avec une intention, un projet écologique. Ce qui permet chaque année d’écouter, d’accueillir et d’orienter environ 1 500 porteurs et porteuses de projets qui cherchent à s’installer. 

Ce sont aujourd’hui 400 fermes acquises, avec entre 50 à 60 nouvelles acquisitions chaque année, soit au total 800 paysans et paysannes sur une surface de 12 000 hectares. “Ce qui fait que petit à petit, on devient un propriétaire agricole important”, explique Benjamin Duriez. “On a une responsabilité et on cherche par notre action à faire de la terre un bien commun”. 

Terre de liens lève ainsi les deux principaux freins à l’installation agricole aujourd’hui, qui sont l’accès à l’information, en mettant en lien ceux qui veulent céder la terre avec ceux qui veulent la reprendre, étant donné que lorsque l’on n’est pas du milieu agricole, et c’est le cas des deux tiers des personnes qui s’installent aujourd’hui, on a peu de chances d’obtenir les bonnes informations. 

Le 2e frein levé est celui du capital.  “Aujourd’hui, s’installer en agriculture, en partant du principe que l’on achète, va demander en moyenne un demi-million d’euros. Sachant que les revenus agricoles sont insuffisants. Avec nous, quelqu’un qui n’a pas ce capital-là peut avoir accès à la terre puisque des citoyens vont se cotiser pour lui permettre de devenir locataire de manière sécurisée avec un bail rural à clause environnementale. Et donc ça lui donne la possibilité d’accéder à un métier et, notamment pour des gens qui sont en reconversion professionnelle. Et il y en a beaucoup”. 

Chaque semaine, ce sont en effet 200 fermes qui disparaissent en France. En 10 ans, ce sont 100 000 agriculteurs perdus. Il serait donc nécessaire de lancer des politiques massives de renouvellement des générations et d’installations agricoles, en sachant qu’il faudrait entre 800 000 et million de personnes pour travailler la terre, lorsque l’on parle de bio, lequel demande plus de main d’œuvre et moins de mécanisation. 

Pour cela, il faut emmener tout un chacun à faire évoluer son rapport à l’alimentation, par rapport à sa consommation de viande par exemple. Car si l’on consommait 2 fois moins de viande, mathématiquement, statistiquement, la France pourrait produire suffisamment pour nourrir tout le monde en bio”, précise Benjamin Duriez. 

Pour cela, Terre de liens propose l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation, un peu sur le même modèle que celle de la santé ou encore la retraite. « On pense qu’on pourrait faire la même chose pour l’alimentation, ce qui signifierait des coûts évités en termes sanitaires et de dépollution de l’eau. Les coûts cachés de notre alimentation s’élèvent à des milliards, lesquels sont directement liés au modèle agricole”. 

L’idée serait de pouvoir monter des conventions avec des agriculteurs ou des magasins qui auraient effectivement des pratiques ou des produits vertueux pour notre santé et notre environnement, en donnant le pouvoir aux personnes d’acheter de la nourriture de qualité. Chacun y contribuerait selon ses moyens pour pouvoir s’alimenter. “Et ça serait, on en est persuadé, un véritable levier de transformation du milieu agricole par la demande”, conclut Benjamin Duriez. 

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