Sandra Barba

Cofondatrice et directrice

, Vivre femmes / Transition'Elles Vaucluse

Pourquoi faut-il absolument investir les zones rurales dans la lutte contre les violences conjugales ?

Sandra Barba est psychanalyste spécialisée dans les traumatismes vécus dans l’enfance, cofondatrice de l’association Vivre Femmes et directrice d’une structure d’hébergement pour femmes victimes de violences en zone rurale, Transition’Elles Vaucluse, qui permet un accueil d’une nuit à 18 mois, ainsi que des accompagnements psychologiques, sociaux, matériels, sanitaires, juridiques, administratifs, culturels ou encore de retour à l’emploi.

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Lorsque l’on quitte une situation de violence, l’une des questions les plus importantes est de savoir où on va aller. “Et nous, on a encore plus cette problématique parce qu’en zone rurale, toutes les informations ne sont pas aussi accessibles que dans les grandes villes”, explique Sandra Barba. “On n’a pas de panneaux qui nous invitent partout à composer le 39 19, le 115 ou à appeler la gendarmerie. On a ces problématiques d’isolement, mais on a également des problématiques de transport. Ici, sans voiture, on ne peut pas faire grand-chose. »

Et puis, dans un village de 6 000 habitants, comme celui qui héberge Transition’Elles, créé par l’association Vivre Femmes, tout le monde connait tout le monde, le gendarme local, le maire. “Alors, il y a une culture de la honte et du secret”.

C’est pour rompre cet isolement que l’association a pris le parti d’aller chercher ces femmes partout où elles se trouvent, communiquant massivement sur les réseaux sociaux, auprès des entreprises, dans les écoles, les boulangeries, les épiceries sociales, en lien avec la gendarmerie, les CCAS, les mairies.

Sur des évènements aussi, en organisant un salon d’art contemporain dans le village, avec pour consigne donnée aux artistes de présenter au moins une œuvre sur le thème de la femme, ou en rassemblant quelques 300 motos pour un clapping sur la place centrale.

L’idée étant d’ouvrir le débat, mais aussi de rendre la parole, de redonner confiance et dignité à ces femmes. D’abord dans les espaces communs de la structure d’hébergement, “pour qu’elles se remettent à discuter, qu’elles voient qu’elles peuvent être appréciées, qu’elles ont le droit d’être heureuses, de sourire, de faire rire les personnes autour d’elles, qu’elles ne sont pas folles, comme elles se sont entendu répéter. On travaille beaucoup sur l’image de soi et la reconstruction de la confiance”, raconte Sandra Barba. “Elles ont besoin de réapprendre à être soi, à choisir, à reprendre possession de leur vie”.

Un message à marteler, même si cela doit passer par des actions coups de poing, quitte à “rentrer dans le lard”. “Je pense qu’on est parfois encore dans les zones rurales sur des stéréotypes bien ancrés et on essaie de faire bouger les choses de toutes les façons possibles”, conclut Sandra Barba. “C’est la récurrence des informations qui fait rentrer dans les mentalités une façon de voir différente”.

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