Marylin Waite

Directrice

, Climate finance fund

Pourquoi faut-il mobiliser les capitaux privés vers la transition écologique ?

Marylin Waite est directrice du Climate finance fund, un fonds philanthropique qui s’est donné pour objectif de mobiliser suffisamment d’investissements pour résoudre le problème du changement climatique.

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Aujourd’hui, nous sommes en crise climatique”, expose Marylin Waite. “Pour résoudre le problème, pour préserver nos écosystèmes et nos vies, il faut pouvoir flécher suffisamment d’investissements vers des solutions climatiques, comme les énergies renouvelables, une agriculture qui puisse stocker le CO², des transports verts”…

Et le calcul est simple. Il faut à peu près 4 trillions de dollars (NDLR : 4 000 000 000 000 euros) chaque année d’ici 2050 pour investir dans la transition. Mais l’investissement ne suit pas. « Et pourtant, l’argent est là”, précise Marylin Waite. “Nous avons 450 trillions à disposition. Pas dans le domaine public, mais dans tout ce qui est actifs privés, c’est à dire sur nos comptes en banque, courants ou épargne, pensions. Et les 4 trillions nécessaires représentent moins de 5% du PIB mondial”.

Le problème n’est donc pas un manque d’argent, mais bien un manque de volonté. Alors, comment motiver, mobiliser cet argent, autour de la transition juste ? Pour Marylin Waite, il faut des avantages. Par exemple, des produits financiers qui regroupent les solutions climatiques en facilitant les affaires des investisseurs, pour ensuite permettre des prêts aux PME qui mettent en place des solutions.

Il faut aussi de la visibilité. Le travail de communication est très important, dans le sens où la place des énergies fossiles est encore trop présente dans le paysage médiatique, et celle des solutions décarbonées insuffisante.

Un engagement qui paie. Le Climate finance fund, porté par la fondation Hewlett, soutient déjà de nombreux incubateurs et accélérateurs, qui investissent dans les start-up. « On a pu subventionner par exemple Green-Got, une banque française qui soutient des projets de solution climatique. On a aussi subventionné la Nef, une banque éthique en France qui prête aux PME qui proposent des solutions climatiques et de justice sociale”. Ça, c’est pour la partie finance innovante.

Un second pilier est celui du changement systémique, qui passe par la loi, la régulation. Le CCF a par exemple créé une coalition de banques durables européennes à Bruxelles, qui ont pour objectif “de démontrer aux décideurs qu’on peut avoir une activité commerciale qui ne nie ni l’environnement, ni les communautés”.

Le Climate finance fund a été l’un des premiers à soutenir le PCAF, le partenariat pour décarboner la finance, un rassemblement de banques et de gestionnaires d’actifs partout dans le monde qui ont standardisé une méthodologie de mesure du CO² qui correspond à chaque financement. « Avec cette transparence, on peut désormais espérer que les banques vont décider de diminuer le montant de CO² présent dans leurs prêts et investissements. Donc, ça fait partie des changements systémiques, qui vont jusqu’à l’évolution des lois. Par exemple, l’Autorité des banques en Europe a décidé de réclamer ces chiffres lors des transactions”.

Sur le site Climate solution stocks, on trouve toutes les actions cotées en bourse dans le monde entier qui soutiennent des solutions climatiques, “donc il n’y a pas d’excuse pour les investisseurs de ne plus soutenir ce genre d’entreprises”, conclut Marylin Waite.

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