Félix de Belloy

Président

, L'Îlot

Pourquoi le logement est l’étape fondamentale pour mettre en action un projet socio-professionnel ?

Félix de Belloy est avocat et président de l’association l’Îlot, fondée il y a 50 ans pour donner un abri aux personnes à la rue, à Amiens, puis à Paris, avant de se spécialiser dans l’accueil de sortants de prison et plus globalement de personnes sous mains de justice, en aménagement de peine, sous contrôle judiciaire ou surveillance électronique.

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L’Îlot est une association qui accompagne près de 2 000 personnes chaque année, avec 5 centres d’hébergement et des ateliers de réinsertion par le travail.

Le passage par la détention aggrave de nombreuses causes d’exclusion, dont celle du logement. “Le logement est pour nous une chose essentielle”, explique Félix de Belloy, “puisque il n’y a pas de réinsertion possible sans logement. D’abord on trouve un logement et ensuite on peut commencer à réfléchir à la suite. Mais nos travailleurs sociaux ne se contentent pas de proposer une chambre et un lit. Il y a un accompagnement pour tenter de construire un projet professionnel, de retour à une formation, à un emploi. Un retour vers la famille aussi« .

L’idée est évidemment de trouver un logement en autonomie. Alors, l’association a développé des systèmes pour permettre l’autonomisation du logement avec, par exemple, de l’intermédiation locative, c’est-à-dire que c’est l’Îlot qui loue un petit logement et qui ensuite le sous loue au résident, considérant que celui-ci sera en mesure de payer son loyer, qu’il règlera à l’Îlot.

Un accompagnement qui a évolué au fil du temps. Il y a le travail d’intérêt général, mais aussi les bracelets et la surveillance électronique qui ont vu le jour depuis la création de l’association. “Comme on n’est pas entre 4 murs de prison, eh bien on peut aller travailler, se former, voir sa famille, donc on toutes ces évolutions qui sont aussi bénéfiques”.

Il faudrait que les gens comprennent à quel point il est essentiel d’accueillir et de réaccueillir en notre sein, au sein de la société, les gens qui ont purgé leur peine”, plaide Félix de Belloy. “Et de se libérer de ce regard qui est imprégné d’une forme de casier judiciaire, comme si les anciens détenus étaient tatoués à vie avec leur peine, inscrites sur le front. C’est un travail complexe, parce qu’il faut accepter l’idée que les gens puissent changer”.

Or, les chiffres le montrent, la récidive reste élevée avec un taux de 66% de sortants de prison qui rempilent. “Ce qu’il faudrait, c’est mettre en place des accompagnements nécessairement très complets, assez lourds et assez chers, pour permettre aux personnes sortant de prison de s’en sortir. Un détenu coûte environ 50 000€ par an à la communauté, et on se dit souvent qu’avec ces 50 000€, on pourrait faire des choses peut-être plus intéressantes que de les mettre entre 4 murs. Mais il faut aussi que les gens qui passent par la classe prison trouvent en eux-mêmes la volonté de s’en sortir, de résister à la tentation de la récidive, d’attraper les mains qui se tendent vers eux”.

Le meilleur exemple étant peut-être les ateliers d’insertion dans la mécanique et la restauration créés à Amiens. “Les clients voient qu’ils peuvent être servis à table par un sortant de prison, qu’ils peuvent confier leur voiture à un sortant de prison. Et ça se passe très bien et c’est très concret”, conclut Félix de Belloy.

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