Stefania Parigi

Présidente

, ADSF - Agir pour la santé des femmes

Pourquoi prendre en charge la santé des femmes est essentiel ?

Stefania Parigi est présidente de l’ASDF, Agir pour la santé des femmes, qui diagnostique les femmes précaires et les réoriente vers des structures médicales à Paris et à Lille.

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Le premier objectif de l’ADSF, c’est de rencontrer des dames en très grande difficulté là où elles se trouvent”, expose Stefania Parigi. “Et on a aussi un accueil qui permet à ces femmes d’être prises en charge, notamment par des sages-femmes, gynécologues, médecins, infirmiers…”. Des rencontres se font également avec des associations spécialisées, notamment dans les bois de Vincennes et de Boulogne, dans le milieu prostitutionnel. 

Plus longtemps vous vivez à la rue, plus longtemps vous déconnectez de votre corps”, explique Stefania Parigi. “Alors, se rattacher à ce corps, c’est révéler des douleurs qui sont parfois immenses, psychiques, physiques. C’est une question de sécurité, de protection, que d’ignorer son corps quand on a été trop abîmé”. 

Ainsi, le travail de l’ASDF va être de ramener ces femmes vers le soin. Une des spécificités de l’association, ce sont les femmes « repères », des bénévoles qui sont des femmes issues de la rue ou d’un parcours migratoire, qui ont été repérées et sollicitées par les équipes parce que dans leur pays d’origine, elles ont été sages-femmes, aides-soignantes, infirmières. Elles parlent aussi des dialectes qui permettent d’entrer en contact plus facilement avec d’autres femmes.  

L’association va donc à la rencontre des plus précaires via des maraudes à pied, mais aussi à bord du Frottis truck, également sollicité par certaines communes en manque de professionnels de santé ou pour toucher un public de femmes qui ne déplace pas, en bas des immeubles dans les quartiers prioritaires par exemple. 

« Le soin gynécologique est difficilement accessible, y compris pour le droit commun”, explique Stefania Parigi. « Quand vous habitez un petit village au fin fond de la Dordogne ou de la Creuse, pour avoir un rendez-vous avec un gynécologue, ça peut être difficile. Alors, vous imaginez bien que quand vous êtes très désocialisée, c’est encore plus compliqué. Donc on a aussi cette possibilité d’aller vers des dames qui ne sont pas à la rue, mais qui n’ont aussi pas accès aux soins pour plein d’autres raisons”. 

Une fois le contact noué, une première phase de dépistage est réalisée. “Beaucoup de ces femmes n’ont parfois jamais vu de gynécologue à 7 mois ou 8 mois de grossesse par exemple. Ou alors, on fait du dépistage cancer du sein ou cancer en général”. Celles en bonne santé ont tout de même besoin de voir un dentiste ou un généraliste.

L’objectif est très clair pour l’ADSF : “Nous ne sommes pas une équipe soignante, ni un hôpital. On est un lieu de dépistage et d’orientation. C’est de pouvoir justement, avec une équipe pluridisciplinaire, en toute bienveillance avec nos femmes repères, identifier les problématiques les plus urgentes à prendre en charge, avec tout un travail d’orientation vers un hôpital, une permanence d’accès aux soins, un médecin de ville, un pharmacien ou un laboratoire. » 

L’ASDF propose aussi des groupes de parole, des ateliers ménopause, maternité avec des sages-femmes et des psychologues, parentalité, massages bébé, café des parents, des ateliers autour de la danse aussi et de l’art thérapie, de la salsa thérapie, de la sophrologie, ainsi que des permanences juridiques. 

L’association travaille aussi main dans la main avec les entreprises et les professionnels de santé, pour faire du plaidoyer. « On souhaiterait que l’ADSF soit lieu de stage dans le cadre d’internats en médecine ou lieu de stage police / justice, pour que le regard sur ces femmes change » , explique Stefania Parigi. « Le fait de travailler avec des soignantes, ça aide beaucoup à apaiser la communication autour de ces sujets. Et finalement, le fait que ces femmes soient sans papiers, ce n’est pas si grave. Ce qui transparaît auprès de nos partenaires, c’est la nécessité d’améliorer l’état de santé de ces dames. »

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